Té, j'ai lu ça hier , un internaute sur Rue 89 qui donne son opinion sur le téléchargement après le coup de tonnerre de la fermeture brutale de Megaupload .
A ce propos, vu avez vu l'effet domino ? Impressionnant, presque tous les clones de Megaupload viennent en 48h de se saborder d'eux-mêmes de peur de tomber à leur tour dans les pattes du FBI
Bref, toujours est-il que le commentaire de cet internaute m'a semblé remarquablement bien construit et intelligent, alors je vous le fais partager :
"J'ai commencé à télécharger avec Hadopi. Avant ça, je n'avais jamais téléchargé. Rien du tout. Même pas un film tout bouseux qu'il aurait vraiment été honteux de rémunérer, même de loin, même indirectement. J'avais une carte dans un vidéo-club, je me déplaçais pour aller choisir parmi les titres disponibles (pas forcément ceux que je désirais en premier lieu) et je devais ramener la copie dans le délai imparti.
Un autre facteur important, ce sont mes enfants. Dans un premier temps, le coût et la disponibilité de la baby-sitter n'aidant pas à sortir aussi fréquemment que souhaité, je me suis dit que c'était quand même dommage de passer à côté de certains films, ou de devoir attendre deux ans avant de pouvoir acheter/louer le DVD. Disposant d'une douzaine de services de VOD accessibles depuis ma télé, j'ai enduré l'ergonomie douteuse, les catalogues obsolètes et les tarifs prohibitifs de chaque service, jusqu'à baisser les bras.
45 euros pour quatre (hors sucreries) au cinéma
Quand mes enfants ont grandi assez pour que nous sortions au cinéma en famille, le prix du ticket avait sensiblement augmenté (euphémisme). 45 euros pour quatre (hors sucreries) pour voir un Pixar qui coûtera 20 euros en DVD dans pas si longtemps, voire 15 euros en Blu-ray si j'ai la patience d'attendre Noël, voilà qui m'a paru quelque peu contre-productif. Surtout quand existe une solution à 0 euro, sans attendre.
J'aime bien écouter de la musique « virile » quand je fais du ski, ce qui est fréquent puisque j'habite en Savoie. En des temps reculés, je cachais dans ma combinaison un gros walkman à cassette, fort peu confortable, surtout quand on se vautre à l'atterrissage d'une bosse pourtant appétissante. Profitant des progrès de la technologie, je m'offre un tout petit baladeur MP3 tout rikiki, et je cherche à acquérir légalement quelques titres de groupes récents. Mais deux obstacles apparaissent rapidement : déjà, pour trouver ladite musique « virile » sur des sites de téléchargement légal, il faut chercher longtemps, et le plus souvent en vain ; quand on a la chance de les trouver, je m'aperçois que pour d'obscures raisons techniques, je peux lire les titres sur mon PC, identifié, assermenté, IP-localisé, etc. Mais que la migration des titres sur un autre support, ah non monsieur ! Ce n'est pas prévu, sale pirate putatif anarchiste de gauche de merde !
Les sales pirates, les pauvres majors, les artistes affamés
Bref, je me suis comporté en pigeon insatisfait pendant de longues années, tout en subissant le discours ambiant sur les sales pirates, les pauvres majors, les artistes affamés, la défense de la création (oui, Patrick Sébastien et Johnny Hallyday sont concernés), etc.
Tardivement, donc, j'ai franchi le pas, sans la moindre culpabilité. Quels que soient les systèmes maffieux ou illégaux qui concurrencent déloyalement l'offre légale, ils n'existent, à mon sens, que parce cette offre légale est abusive, imparfaite, et surtout non-concurrentielle.
Ce constat est fait depuis des années, sans que rien ne change significativement, car les « ayants droit » pensent plus facile et plus rentable de faire du lobby sur les décideurs afin de fliquer toujours plus, plutôt que d'accepter de se remettre en question. Et me prendre un peu moins, moi le consommateur lambda jusque-là bon élève, pour un con.
Pour reprendre une rhétorique très actuelle, qui ne télécharge pas aujourd'hui est un pigeon. En silence, légalement, la rentabilité proprement hallucinante du secteur – tous types de contenus concernés – est sans commune mesure avec ce qu'a pu gagner Megaupload en quelques mois ou années.
On ne peut pas vanter un modèle ultra-libéral, une » surcommercialisation » de n'importe quoi, un gavage organisé des masses avec de la merde, et pleurer dans le même temps quand des circuits parallèles apparaissent en réponse aux besoins légitimes d'un public écœuré, voire méprisé.
Envie de télécharger encore plus
Ces circuits, fussent-ils maffieux, méchants, tout aussi mercantiles que les supposés gentils, que sais-je, je m'en moque. Ils ne sont que la réponse normale, logique, proportionnée à des décennies d'abus.
Je ne m'offusque même pas de l'intervention « bourrine » des USA hors de leur sol. Oui, il y a un conflit entre les ayants droit et le public, et ça ne va pas se passer dans le dialogue et l'harmonie, puisqu'au moins une des deux parties ne veut rien entendre.
Le ton monte, des mesures exceptionnelles sont prises de part et d'autre. Cette escalade n'a qu'un effet : me donner envie de télécharger encore plus, car je ne me reconnais définitivement plus dans le camp des défenseurs du bon droit. Comme un paquet de gens qui ne sont pas dupes des bonnes intentions de Free, mais qui migrent quand même car ils en ont soupé.
Je pense que mon propre cas n'est pas isolé et pourrait bien se reproduire. Plus on va fustiger les pirates, plus on va souligner la vacuité du système légal, qui s'est trop longtemps caché derrière « la culture » pour vendre au prix fort du David Guetta/Rihanna, plus on va rendre attractifs les circuits alternatifs.
L'offre légale ne se mettra pas au pas
L'offre légale ne veut pas cohabiter avec les pirates ? Elle signe son arrêt de mort, car elle ne pourra pas remporter ce combat sans une totale refondation de son modèle. Et je suis même d'avis que les pouvoirs publics, c'est-à-dire le législateur, ne devrait même pas s'en mêler en (re-re-re)lançant le débat sur une licence globale, car l'offre légale ne voudra jamais se mettre au pas, pèsera de tout son poids pour limiter la portée de la licence, la rendra à nouveau imparfaite, donnant ainsi l'envie de la contourner.
Laissons s'exprimer la concurrence sauvage d'un marché libre et parfait, si cher aux ayants droit : laissons-les se réorganiser sans assistance, ou crever."
Et pour les plus curieux, le lien si vous voulez lire les nombreuses réactions : http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/...age-228679
A ce propos, vu avez vu l'effet domino ? Impressionnant, presque tous les clones de Megaupload viennent en 48h de se saborder d'eux-mêmes de peur de tomber à leur tour dans les pattes du FBI
Bref, toujours est-il que le commentaire de cet internaute m'a semblé remarquablement bien construit et intelligent, alors je vous le fais partager :
"J'ai commencé à télécharger avec Hadopi. Avant ça, je n'avais jamais téléchargé. Rien du tout. Même pas un film tout bouseux qu'il aurait vraiment été honteux de rémunérer, même de loin, même indirectement. J'avais une carte dans un vidéo-club, je me déplaçais pour aller choisir parmi les titres disponibles (pas forcément ceux que je désirais en premier lieu) et je devais ramener la copie dans le délai imparti.
Un autre facteur important, ce sont mes enfants. Dans un premier temps, le coût et la disponibilité de la baby-sitter n'aidant pas à sortir aussi fréquemment que souhaité, je me suis dit que c'était quand même dommage de passer à côté de certains films, ou de devoir attendre deux ans avant de pouvoir acheter/louer le DVD. Disposant d'une douzaine de services de VOD accessibles depuis ma télé, j'ai enduré l'ergonomie douteuse, les catalogues obsolètes et les tarifs prohibitifs de chaque service, jusqu'à baisser les bras.
45 euros pour quatre (hors sucreries) au cinéma
Quand mes enfants ont grandi assez pour que nous sortions au cinéma en famille, le prix du ticket avait sensiblement augmenté (euphémisme). 45 euros pour quatre (hors sucreries) pour voir un Pixar qui coûtera 20 euros en DVD dans pas si longtemps, voire 15 euros en Blu-ray si j'ai la patience d'attendre Noël, voilà qui m'a paru quelque peu contre-productif. Surtout quand existe une solution à 0 euro, sans attendre.
J'aime bien écouter de la musique « virile » quand je fais du ski, ce qui est fréquent puisque j'habite en Savoie. En des temps reculés, je cachais dans ma combinaison un gros walkman à cassette, fort peu confortable, surtout quand on se vautre à l'atterrissage d'une bosse pourtant appétissante. Profitant des progrès de la technologie, je m'offre un tout petit baladeur MP3 tout rikiki, et je cherche à acquérir légalement quelques titres de groupes récents. Mais deux obstacles apparaissent rapidement : déjà, pour trouver ladite musique « virile » sur des sites de téléchargement légal, il faut chercher longtemps, et le plus souvent en vain ; quand on a la chance de les trouver, je m'aperçois que pour d'obscures raisons techniques, je peux lire les titres sur mon PC, identifié, assermenté, IP-localisé, etc. Mais que la migration des titres sur un autre support, ah non monsieur ! Ce n'est pas prévu, sale pirate putatif anarchiste de gauche de merde !
Les sales pirates, les pauvres majors, les artistes affamés
Bref, je me suis comporté en pigeon insatisfait pendant de longues années, tout en subissant le discours ambiant sur les sales pirates, les pauvres majors, les artistes affamés, la défense de la création (oui, Patrick Sébastien et Johnny Hallyday sont concernés), etc.
Tardivement, donc, j'ai franchi le pas, sans la moindre culpabilité. Quels que soient les systèmes maffieux ou illégaux qui concurrencent déloyalement l'offre légale, ils n'existent, à mon sens, que parce cette offre légale est abusive, imparfaite, et surtout non-concurrentielle.
Ce constat est fait depuis des années, sans que rien ne change significativement, car les « ayants droit » pensent plus facile et plus rentable de faire du lobby sur les décideurs afin de fliquer toujours plus, plutôt que d'accepter de se remettre en question. Et me prendre un peu moins, moi le consommateur lambda jusque-là bon élève, pour un con.
Pour reprendre une rhétorique très actuelle, qui ne télécharge pas aujourd'hui est un pigeon. En silence, légalement, la rentabilité proprement hallucinante du secteur – tous types de contenus concernés – est sans commune mesure avec ce qu'a pu gagner Megaupload en quelques mois ou années.
On ne peut pas vanter un modèle ultra-libéral, une » surcommercialisation » de n'importe quoi, un gavage organisé des masses avec de la merde, et pleurer dans le même temps quand des circuits parallèles apparaissent en réponse aux besoins légitimes d'un public écœuré, voire méprisé.
Envie de télécharger encore plus
Ces circuits, fussent-ils maffieux, méchants, tout aussi mercantiles que les supposés gentils, que sais-je, je m'en moque. Ils ne sont que la réponse normale, logique, proportionnée à des décennies d'abus.
Je ne m'offusque même pas de l'intervention « bourrine » des USA hors de leur sol. Oui, il y a un conflit entre les ayants droit et le public, et ça ne va pas se passer dans le dialogue et l'harmonie, puisqu'au moins une des deux parties ne veut rien entendre.
Le ton monte, des mesures exceptionnelles sont prises de part et d'autre. Cette escalade n'a qu'un effet : me donner envie de télécharger encore plus, car je ne me reconnais définitivement plus dans le camp des défenseurs du bon droit. Comme un paquet de gens qui ne sont pas dupes des bonnes intentions de Free, mais qui migrent quand même car ils en ont soupé.
Je pense que mon propre cas n'est pas isolé et pourrait bien se reproduire. Plus on va fustiger les pirates, plus on va souligner la vacuité du système légal, qui s'est trop longtemps caché derrière « la culture » pour vendre au prix fort du David Guetta/Rihanna, plus on va rendre attractifs les circuits alternatifs.
L'offre légale ne se mettra pas au pas
L'offre légale ne veut pas cohabiter avec les pirates ? Elle signe son arrêt de mort, car elle ne pourra pas remporter ce combat sans une totale refondation de son modèle. Et je suis même d'avis que les pouvoirs publics, c'est-à-dire le législateur, ne devrait même pas s'en mêler en (re-re-re)lançant le débat sur une licence globale, car l'offre légale ne voudra jamais se mettre au pas, pèsera de tout son poids pour limiter la portée de la licence, la rendra à nouveau imparfaite, donnant ainsi l'envie de la contourner.
Laissons s'exprimer la concurrence sauvage d'un marché libre et parfait, si cher aux ayants droit : laissons-les se réorganiser sans assistance, ou crever."
Et pour les plus curieux, le lien si vous voulez lire les nombreuses réactions : http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/...age-228679
Vas Vite ou Flânes. Mais Roule !