Quelle bonne surprise, alors qu'on se fend d'une journée de piste au Luc, de voir qu'Aprilia est venu avec sa petite camionnette remplie de beaux joujoux. Je vais donc me payer le luxe d''une session de 20 minutes sur piste avec la SBK de la marque, en version APRC : bardée d'électronique, shifter, anti-patinage, assistance au démarrage, anti wheeling, anti-dribble et j'en oublie surement, suspensions Ölhins, freinage brembo.
Alors certes, les conditions de l'essai optimales pour l'utilisation principale de ce genre de brèle (hormis la frime aux terrasses de café) font que la majorité des bons points seront là, mais d'un autre côté toute la partie "quotidien" sera oubliée. Cela on s'en doute déjà, cette lame est à réserver à la piste et les quelques mètres effectués sur le paddock suffiront à le confirmer. Seule petite "frustration", la bécane est en version française, dommage.
On est donc en présence d'une moto pour fortuné, frimeur et/ou pistard, passionné dans tous les cas. A plus de 21000e le bout, ça fait cher, même si y'a du beau matos.
Tour de la bécane, des pièces carbone par ci par là, la finition est bien, le bras oscillant monstrueux, le cul à tomber. Chel la trouve moche, perso je l'aime bien, tous les gouts sont dans la nature.
ensuite on monte à bord et déjà ça fâche, enfin disons, c'est de la sportive, mais de la pur-sang, pas de la poney. Selle en béton armé qui fait mal aux cuisses quand on pose les pieds par terre. Elle a un gabarit de 600 mais elle reste plus large à ce niveau que la CB. Les repose pieds sont bien hauts et je pense qu'un grand gars comme knack aurait probablement les genoux qui touchent le casque. L'appui sur les poignets est plutôt franc, pour achever le tout, l'embrayage est non réglable est plutôt éloignée. Bref, ça sent déjà le sapin pour une utilisation de tous les jours.
Mais ça ne s'arrête pas là : le rayon de braquage qui ferait passer le Charles-de-Gaulle pour une petite smart continue de ruiner le tableau. Seule embellie, le klaxon qui est bien réussi, puissant mais sans saturer, onctueux et suave, mélodieux, bref, on frôle la perfection.
Le bruit du moteur au démarrage annonce déjà la couleur, ça pète vraiment bien, ça va plaire aux voisins en rentrant de soirée à 2h du mat.
Tout le mal ou presque étant dit, direction la voie des stands pour un pétage de plombs. A partir de là, j'ai simplement pris mon pied. Je n'ai pas joué avec les 8 modes de l'APRC, ni avec les cartographies d'injection, je me suis contenté d'enchaîner les tours sur ce châssis impérial dans son univers et des reprises du bloc moteur super costaud.
Le CB qui pourtant est plutôt réputé pour ses poussées est derrière (pas de mauvaise foi, chel, j'ai essayé les 2 à la suite dans les mêmes conditions), on s’expulse des sorties de courbes avec force, taxer les autres brélons à l'accel n'est qu'un jeu d'enfant là où avec la honda, il faut bien soigner ses courbes et prendre l'aspi), le tout dans un grondement d'outre tombe qui n'est pas sans rappeller les trompettes de Jéricho, rien que ça.
Monter sur la CB après la RSV4 est également en défaveur de la japonaise sur la piste, on se croit sur un ballon sauteur (et pourtant, le châssis du CB est loin d'être mauvais !). Mais la RSV4 se démarque par sa stabilité, ça chignolle nettement moins. Tour de force, elle reste quand même très facile à emmener et pas physique, puisque j'ai derrière enchaîné encore 20 minutes de piste sans accuser le coup physiquement.
On imagine aisément que toutes ses qualités se transformeront en sinécure dès le portail du circuit franchi ! On l'imagine tape-cul, la souplesse du moteur pas parfaite loin de là, et un bon mal de dos après 100 bornes de petites routes.
Côté électronique, difficile à dire, j'ai vu quelques fois le voyant de traction control se déclencher, et sur un passage dans le virage le plus rapide j'ai senti la moto partir un très court instant. Je n'ai pas trop compris car je ne l'ai pas brusquée me semble-t-il et je n'étais pas plus vite que les autres tours. Difficile d'analyser ce qui s'est passé tellement c'est allé vite, mais en tout cas quelque chose a bougé
Je garde pour la fin ce qui va faire plaisir à Chel, je parle bien sûr du freinage. Celui de la RSV est excellent, très dosable, vraiment puissant sans effort à la poignée, et le mordant est parfait, ni trop violent, ni trop mou. J'ai par contre constaté une petite course morte (rien à voir avec la sprint bien sûr), qui me fait dire que le CB reste au-dessus sur ce point (pourtant en étriers classiques et avec ABS - que je n'ai d'ailleurs pas déclenché en envoyant pourtant de furieux freinages). Je dirais simplement que la position avec les bracelets donne l'impression de freinages plus puissants avec la RSV, par le petit regain de stabilité qu'elle apporte par rapport à une moto avec un grand guidon. Il aurait fallu quelques données de télémétrie pour confirmer tout ça.
Sur les rétrogradages de goret dans les gros freinages, l'embrayage anti-dribble donne des à-coups dans la poignée, mais tout se passe bien au niveau de la roue. C'est un peu perturbant au début, puis on s'y fait et on imagine le carnage sans cet artifice, avec un moteur aussi rugueux. Dans l'autre sens, les rapports passent bien avec le shifter sans relâcher les gaz, c'est du caviar.
Alors, au final, que peut-on dire de cette moto ? Et bien, si on est plein aux as, c'est une bécane vraiment bandante à réserver au circuit (ou aux terrasses).
Le moteur est sensationnel, efficace, puissant, les freins à la même enseigne et le châssis impérial.
Et tous les aspects pratiques du quotidien sont restés au paddock !
Que demander de plus ?
Les mêmes essais avec un S1000RR, une 1098R, une CBR, ...
Recule fils!!!