Eh, l'intersaison est maintenant bien entamée, la saison MotoGP 2014 approche, alors pourquoi pas créer dès maintenant le post qui l’accompagnera ?
Ceci fait, j'ouvre le bal avec un premier sujet, une traduction d'une intéressante interview de Jeremy Burgess dans une revue espagnole centrée sur le GP .
Et les espagnols, avec le plus gros sponsor de la catégorie + des champions dans toutes les disciplines, ils en causent en connaissance de cause du sport moto !
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Aujourd'hui, dans la revue papier Solomoto (malheureusement introuvable hors d'Espagne) une très intéressante analyse de la saison de Valentino Rossi basée, entre autre, sur plusieurs discussions avec le même Jeremy Burgess; absolument indispensable pour comprendre le divorce entre les deux hommes!
Tout en sachant très bien que s'attaquer au mythique Valentino Rossi va lui valoir nombre de critiques, l'auteur part d'un évident constat d'échec en 2013, surtout par rapport aux ambitions du champion italien, et analyse tout d'abord les deux supputations généralement fournies comme explications:
- Rossi est trop vieux.
- Rossi a trouvé chez Yamaha une moto conçue pour Lorenzo.
Concernant la première hypothèse, il est indéniable que Rossi, qui aura 35 ans en début de saison prochaine, atteint un âge supérieur aux champions titrés des 15 dernières années (Mick Doohan a été tiré à 33 ans en 1998).
La parole est alors donnée à Aspar Martinez: "quand tu es jeune, tu peux gagner avec n'importe quoi, Quand tu es plus mûr, il te faut une bonne moto. Et quand tu es en fin de carrière, tu dois être entouré par les meilleurs, et que tout aille à la perfection, pour avoir des opportunités."
Les partisans de la théorie de l'âge considèrent donc que 2009, malgré son titre, marque le début du déclin de Valentino Rossi en considérant qu'il n'était alors déjà plus le plus rapide en piste. Exemple concret, Barcelone, où Rossi gagne plus par ruse que par vitesse.
Mais si en 2009, Valentino Rossi parvient encore à "sauver les meubles", en 2010 il ne peut plus masquer la réalité, face à un Jorge Lorenzo en pleine spirale ascendante. Le Majorquin gagne deux des trois premières courses, puis Rossi se casse la jambe au Mugello, le mettant à pieds pour la première fois de sa carrière.
2011 et 2012 furent deux années en enfer, et 2013 vit Rossi réintégrer Yamaha dans une position psychologiquement acceptée de second pilote, du moins en apparence puisque Valentino était convaincu de rapidement reprendre la main sur son coéquipier. On a vu que ce fut loin d'être le cas...
Autre argumentation, le côté technique.
Quand Rossi est remonté sur la Yamaha 2013, il a trouvé une moto très éloignée de ce qu'il avait laissé deux années plus tôt.
Son erreur a été de croire que la raison en était uniquement parce qu'elle avait été développée par et pour Lorenzo. Comme le reporte Jeremy Burgess, Rossi a alors immédiatement pris la décision de "remettre les choses en ordre" et de modifier la moto pour qu'elle devienne SA moto. Contre l'avis de Burgess, il a entrepris de transformer la M1 2013 en M1 2009... et s'est heurté à un mur.
Tout d'abord parce que, effectivement, l'équilibre de la moto correspondait au pilotage de Lorenzo, le plus fluide du plateau, mais surtout parce que le pilotage de Rossi, et donc ses réglages ,ne fonctionnent plus avec le nouveau pneu Bridgestone introduit en 2012.
Jusqu'à San Marino, selon Jeremy Burgess, Rossi s'est entêté à régler sa moto comme en 2009, contre l'avis de l'Australien, et ce n'est que 5 Grand Prix avant la fin de saison, soit "à partir d'Aragon, qu'il s'est décidé à piloter la moto qu'il devait piloter, et non la moto qu'il aimerait piloter.
Beaucoup de choses avaient changé durant la période où il n'était plus chez Yamaha et en particulier à la façon de piloter le nouveau Bridgestone avant. La mise au point que nous utilisions en 2008, 2009 et 2010 ne fonctionnait pas avec ces pneus. Probablement, il nous a fallu trop de temps pour arriver à une réponse satisfaisante.
L'introduction du nouveau pneu est survenu quand nous étions chez Ducati. En fait, le pneu proposé par Bridgestone ne lui convenait pas bien, mais comme nous étions chez Ducati, cela importait peu car les problèmes que nous rencontrions là-bas étaient supérieurs à celui du pneu. En définitive, Valentino a voté en faveur du pneu, comme la majorité des autres pilotes."
Pour rappel, seuls Pedrosa et Stoner se sont opposés, en vain, à ce nouveau pneu.
"C'est sûr, mais eux furent capables d'adapter leur moto à ce pneu. Mais dans notre cas, quand nous tentions de régler la moto comme nous le faisions avant d'aller chez Ducati, nous n'étions simplement pas capables d'être rapidement compétitifs. Ok, si, nous étions bons dans la partie finale des courses, mais pas aux entraînements ni durant les premiers tours."
Ces propos éclairent la majorité des performances de Valentino Rossi durant cette saison 2013; qualifications un ton en-dessous des meilleurs puis rythme de course, après les premiers tours, très proches des leaders.
Et cela renvoie également à la confidence de Rossi à Alexandre Barros à Barcelone, qualifiant Pedrosa, Lorenzo et Marquez de "fous" en faisant allusion à leur capacité à se mettre sur un rythme maximum dès les premiers virages. Mais cela est dorénavant du passé.
Depuis, le déclic d'Aragon a commencé à porter ses fruits mais a également engendré de nouveaux problèmes, comme on l'a vu à Sepang. Sur un de ses circuits favoris, Valentino Rossi réussit à se qualifier en seconde position, mais ne peut tenir le rythme en course, à cause de freins défaillants.
Jeremy Burgess commente: "après quatre tours, la température des freins s'est évanouie (ndlr : probable coquille du journaliste. La température a tellement monté que les freins se sont évanouis). Dans cette situation, il s'est vu contraint de relâcher un peu et, à partir de là, il a perdu le contact avec le groupe de tête.
La solution a cette situation est qu'il n'aurait pas dû passer quatrième au premier tour: si tu te qualifies second, tu dois rester second. Quand tu es dans une situation de compétition extrême, en attaquant au maximum dès le début, une grande partie de la moto fonctionne très près de la limite. Tu ne peux pas gaspiller de l'énergie en récupérant des positions que tu as perdues. Ceci est quelque chose que la nouvelle génération fait apparemment très bien, ils sont très rapides lors des premiers tours."
Comme on le constate, le regard de Jeremy Burgess est sans animosité envers son ex-pilote, mais également sans concession. Il remet clairement en cause à la fois l'approche stratégique de Valentino Rossi jusqu'à Saint Marin, puis les capacités de ce dernier à suivre Lorenzo et Pedrosa, voire Marquez, durant les premiers virages.
Dès lors, le nonuple champion du monde, sûr de lui et de ses capacités, ne pouvait que se séparer de son ami de longue date.
Deux visions qui s'affrontent, mais qui a raison? La réponse en 2014.
Ceci fait, j'ouvre le bal avec un premier sujet, une traduction d'une intéressante interview de Jeremy Burgess dans une revue espagnole centrée sur le GP .
Et les espagnols, avec le plus gros sponsor de la catégorie + des champions dans toutes les disciplines, ils en causent en connaissance de cause du sport moto !
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Aujourd'hui, dans la revue papier Solomoto (malheureusement introuvable hors d'Espagne) une très intéressante analyse de la saison de Valentino Rossi basée, entre autre, sur plusieurs discussions avec le même Jeremy Burgess; absolument indispensable pour comprendre le divorce entre les deux hommes!
Tout en sachant très bien que s'attaquer au mythique Valentino Rossi va lui valoir nombre de critiques, l'auteur part d'un évident constat d'échec en 2013, surtout par rapport aux ambitions du champion italien, et analyse tout d'abord les deux supputations généralement fournies comme explications:
- Rossi est trop vieux.
- Rossi a trouvé chez Yamaha une moto conçue pour Lorenzo.
Concernant la première hypothèse, il est indéniable que Rossi, qui aura 35 ans en début de saison prochaine, atteint un âge supérieur aux champions titrés des 15 dernières années (Mick Doohan a été tiré à 33 ans en 1998).
La parole est alors donnée à Aspar Martinez: "quand tu es jeune, tu peux gagner avec n'importe quoi, Quand tu es plus mûr, il te faut une bonne moto. Et quand tu es en fin de carrière, tu dois être entouré par les meilleurs, et que tout aille à la perfection, pour avoir des opportunités."
Les partisans de la théorie de l'âge considèrent donc que 2009, malgré son titre, marque le début du déclin de Valentino Rossi en considérant qu'il n'était alors déjà plus le plus rapide en piste. Exemple concret, Barcelone, où Rossi gagne plus par ruse que par vitesse.
Mais si en 2009, Valentino Rossi parvient encore à "sauver les meubles", en 2010 il ne peut plus masquer la réalité, face à un Jorge Lorenzo en pleine spirale ascendante. Le Majorquin gagne deux des trois premières courses, puis Rossi se casse la jambe au Mugello, le mettant à pieds pour la première fois de sa carrière.
2011 et 2012 furent deux années en enfer, et 2013 vit Rossi réintégrer Yamaha dans une position psychologiquement acceptée de second pilote, du moins en apparence puisque Valentino était convaincu de rapidement reprendre la main sur son coéquipier. On a vu que ce fut loin d'être le cas...
Autre argumentation, le côté technique.
Quand Rossi est remonté sur la Yamaha 2013, il a trouvé une moto très éloignée de ce qu'il avait laissé deux années plus tôt.
Son erreur a été de croire que la raison en était uniquement parce qu'elle avait été développée par et pour Lorenzo. Comme le reporte Jeremy Burgess, Rossi a alors immédiatement pris la décision de "remettre les choses en ordre" et de modifier la moto pour qu'elle devienne SA moto. Contre l'avis de Burgess, il a entrepris de transformer la M1 2013 en M1 2009... et s'est heurté à un mur.
Tout d'abord parce que, effectivement, l'équilibre de la moto correspondait au pilotage de Lorenzo, le plus fluide du plateau, mais surtout parce que le pilotage de Rossi, et donc ses réglages ,ne fonctionnent plus avec le nouveau pneu Bridgestone introduit en 2012.
Jusqu'à San Marino, selon Jeremy Burgess, Rossi s'est entêté à régler sa moto comme en 2009, contre l'avis de l'Australien, et ce n'est que 5 Grand Prix avant la fin de saison, soit "à partir d'Aragon, qu'il s'est décidé à piloter la moto qu'il devait piloter, et non la moto qu'il aimerait piloter.
Beaucoup de choses avaient changé durant la période où il n'était plus chez Yamaha et en particulier à la façon de piloter le nouveau Bridgestone avant. La mise au point que nous utilisions en 2008, 2009 et 2010 ne fonctionnait pas avec ces pneus. Probablement, il nous a fallu trop de temps pour arriver à une réponse satisfaisante.
L'introduction du nouveau pneu est survenu quand nous étions chez Ducati. En fait, le pneu proposé par Bridgestone ne lui convenait pas bien, mais comme nous étions chez Ducati, cela importait peu car les problèmes que nous rencontrions là-bas étaient supérieurs à celui du pneu. En définitive, Valentino a voté en faveur du pneu, comme la majorité des autres pilotes."
Pour rappel, seuls Pedrosa et Stoner se sont opposés, en vain, à ce nouveau pneu.
"C'est sûr, mais eux furent capables d'adapter leur moto à ce pneu. Mais dans notre cas, quand nous tentions de régler la moto comme nous le faisions avant d'aller chez Ducati, nous n'étions simplement pas capables d'être rapidement compétitifs. Ok, si, nous étions bons dans la partie finale des courses, mais pas aux entraînements ni durant les premiers tours."
Ces propos éclairent la majorité des performances de Valentino Rossi durant cette saison 2013; qualifications un ton en-dessous des meilleurs puis rythme de course, après les premiers tours, très proches des leaders.
Et cela renvoie également à la confidence de Rossi à Alexandre Barros à Barcelone, qualifiant Pedrosa, Lorenzo et Marquez de "fous" en faisant allusion à leur capacité à se mettre sur un rythme maximum dès les premiers virages. Mais cela est dorénavant du passé.
Depuis, le déclic d'Aragon a commencé à porter ses fruits mais a également engendré de nouveaux problèmes, comme on l'a vu à Sepang. Sur un de ses circuits favoris, Valentino Rossi réussit à se qualifier en seconde position, mais ne peut tenir le rythme en course, à cause de freins défaillants.
Jeremy Burgess commente: "après quatre tours, la température des freins s'est évanouie (ndlr : probable coquille du journaliste. La température a tellement monté que les freins se sont évanouis). Dans cette situation, il s'est vu contraint de relâcher un peu et, à partir de là, il a perdu le contact avec le groupe de tête.
La solution a cette situation est qu'il n'aurait pas dû passer quatrième au premier tour: si tu te qualifies second, tu dois rester second. Quand tu es dans une situation de compétition extrême, en attaquant au maximum dès le début, une grande partie de la moto fonctionne très près de la limite. Tu ne peux pas gaspiller de l'énergie en récupérant des positions que tu as perdues. Ceci est quelque chose que la nouvelle génération fait apparemment très bien, ils sont très rapides lors des premiers tours."
Comme on le constate, le regard de Jeremy Burgess est sans animosité envers son ex-pilote, mais également sans concession. Il remet clairement en cause à la fois l'approche stratégique de Valentino Rossi jusqu'à Saint Marin, puis les capacités de ce dernier à suivre Lorenzo et Pedrosa, voire Marquez, durant les premiers virages.
Dès lors, le nonuple champion du monde, sûr de lui et de ses capacités, ne pouvait que se séparer de son ami de longue date.
Deux visions qui s'affrontent, mais qui a raison? La réponse en 2014.
Vas Vite ou Flânes. Mais Roule !